Crise inédite pour la filière bio en France : les producteurs se sentent méprisés

Les exploitants bio déplorent le manque de soutien financier de la part du gouvernement. Mardi, au Salon de l’agriculture, ils ont déployé une banderole pour réclamer un plan de soutien bien supérieur aux dix millions d’euros promis. Le message « Bio méprisée. Bio enterrée » a été tagué à la bombe de peinture sur une grande bâche en plastique noir déployée devant le stand de l’Agence bio, qui est chargée de développer et promouvoir l’agriculture biologique française.

Une crise inédite

Après dix ans d’une croissance à deux chiffres qui avait dopé les conversions d’agriculteurs conventionnels vers la production biologique sans pesticides ni engrais chimiques, le marché s’est retourné. L’offre bio excède désormais la demande, poussant des producteurs à jeter l’éponge.

Une aide insuffisante

Lors d’un huis clos avec la profession agricole lundi au Salon de l’agriculture, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé qu' »une aide sera accordée aux exploitations bio les plus en difficulté, d’un montant total de dix millions d’euros ». Selon les syndicats FNSEA (majoritaire) et Confédération paysanne (3ème organisation), cette somme ne suffit pas étant donné que la France compte près de 60 000 fermes bio. « Ce n’est évidemment pas à la hauteur », a déclaré mardi le président de la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), Philippe Camburet.

Un soutien financier essentiel

Cette production en danger mérite un soutien au même titre que les filières soutenues par des dizaines de millions d’euros, telles que les producteurs de porcs ( 270 millions)  ou les betteraviers. L’Etat est également prêt à subventionner la destruction des excédents de vin jusqu’à 160 millions d’euros. Le porte-parole de la Confédération paysanne, Nicolas Girod, a dénoncé les 10 millions d’euros alloués comme « absolument méprisant (…) anecdotique », affirmant qu’il faudrait « minimum 300 millions d’euros rapidement » pour fournir une « bouffée d’oxygène » aux agriculteurs bio.

Une baisse des ventes en grande surface et en réseau spécialisé

En 2020, les ventes de bio ont reculé de 7,4 % en grandes surfaces sur un an, selon le panéliste NielsenIQ. Cette baisse est encore plus marquée dans le réseau spécialisé (Biocoop, Naturalia, Comptoirs de la bio), avec une chute de 12 % selon deux enseignes. La restauration collective, qui devait introduire au minimum 20 % de produits biologiques dans ses achats depuis l’an dernier, plafonne actuellement autour de 6 %.

Des engagements à respecter

La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a plaidé pour que « l’Etat respecte ses engagements en étant exemplaire avec le bio à hauteur de 20% dans les cantines, donc il faut une montée en puissance

Le gouvernement doit prendre des mesures pour soutenir cette filière en crise et éviter qu’elle ne disparaisse peu à peu du paysage agricole français.

0 Partager

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *