Pesticides et environnement : le rapport alarmant

L’Inrae et l’Ifremer, deux instituts de recherche publics spécialisés dans l’environnement ont rendu un rapport mettant en avant la contamination de l’environnement par des pesticides et leur impact négatif sur la biodiversité et les écosystèmes.

« Une image plus précise de cette contamination »

L’analyse, réalisée à la demande de trois ministères (Transition écologique, Agriculture et Recherche) a mobilisé une quarantaine d’experts qui ont travaillé pendant 2 ans à la réalisation d’une synthèse de connaissances sur l’impact des produits phytopharmaceutiques sur la biodiversité et les écosystèmes.

« Notre objectif avec une expertise de ce type, c’est de rendre visible, intelligible, pour les décideurs publics, l’ensemble des connaissances pour éclairer les décisions et améliorer la réglementation » explique Thierry Caquet, directeur scientifique Environnement de l’Inrae.

Les derniers rapports de ce type dataient de 2005 et de 2008 « l’image est beaucoup plus précise de cette contamination, du fait notamment de la densification des réseaux de surveillance, mais aussi de l’amélioration des techniques d’échantillonnage ou d’analyse » explique Wilfried Sanchez, directeur scientifique adjoint de l’Ifremer.

Le constat : une contamination qui touche tous les milieux et qui concerne non seulement une variété de substances actives et de produits de transformation, même s’ils sont moins recherchés.

Les zones agricoles ou proches sont les plus touchées, les produits se diffusant « le long du continuum terre-mer pour atteindre les océans, avec une diminution des concentrations par un effet de dilution ».

Les pesticides seraient l’une des plus grandes causes du déclin de la biodiversité selon Stéphane Pesce de l’Inrae, qui rapporte « les études disponibles publiées ces 20 dernières années permettent d’affirmer de manière robuste que les produits phytopharmaceutiques sont une des causes majeures du déclin de certaines populations ».

Protéger les espèces menacées

9 à 15% des espèces recensées en Europe sont menacées et les pesticides « contribuent fortement au risque » insiste Stéphane Pesce. L’étude met aussi en exergue les effets sublétaux, c’est-à-dire qui perturbent la santé et le fonctionnement de l’organisme de l’animal mais qui n’entrainent pas une mort rapide. Parmi eux, des pertes d’orientation, des déficiences immunitaires, mais aussi des modifications comportementales. Les effets indirects sont aussi « de mieux en mieux caractérisés » note M. Pesce. Les experts ont pu identifier les « leviers » pour réduire l’impact des pesticides, en dehors de la réduction de leur utilisation. Ils proposent de tenir compte des conditions météorologiques, agir au niveau du sol avec par exemple la présence de couvertures pour limiter la diffusion des produits ou l’aménagement de zones tampons. Le biocontrôle, via des mécanismes naturels comme des insectes et certains types de plantes sont des « alternatives prometteuses » mais sur lesquels on manque de connaissances.

Le rapport montre des lacunes « encore importantes » dans les connaissances et appelle d’autres chercheurs à prendre en compte ensemble tous les impacts.

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