Violences faites aux femmes : «Parler de ce sujet, l’aborder de front » Céline Mas, ONU Femmes

La Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes est organisée par l’ONU chaque année le 25 novembre. A cette occasion, nous donnons la parole à Céline Mas, la Présidente du Comité ONU Femmes France pour nous rappeler toute l’importance de cette journée.

« Cette histoire est malheureusement très ancienne. Ancestrale même. Elle cantonne les femmes dans un rôle de soumission qui perpétue un ordre social et le contrôle de leur corps. Elle précède nos existences et nous voulons être, chacun à notre niveau, de ceux qui vont la faire cesser de leur vivant.

Nous sommes des milliers, femmes et hommes, à porter cet espoir orange que les droits humains les plus fondamentaux soient respectés. Nous sommes toutes et tous concernés par cette menace, visible ou cachée, qui peut faire irruption du jour au lendemain dans nos espaces publics, nos écoles, nos foyers ou sur des terrains de conflit aux quatre coins du monde.

« Nulle femme sur cette planète, quel que soit son lieu de naissance ou son milieu social, ne peut dire avec certitude qu’elle échappera au monstre et à la face hideuse de la violence. »

Qu’il s’agisse de sexisme ordinaire et de harcèlement, de violences domestiques ou conjugales, de trafic de personnes, de mariages forcés, de mutilations génitales ou de féminicides.

Les femmes et les filles du monde ont en commun de vivre avec cette crainte, ce soupçon, cette terreur trop souvent. C’est le fil des femmes et il est meurtri de nos peines, du sang des victimes et du constat que l’obscurantisme est toujours en 2018 trop vivace.

Quelques chiffres funestes qui en témoignent :

  • Selon l’ONU, 35% de femmes dans le monde auraient été victimes de violences physiques ou sexuelles, le plus souvent par un partenaire intime.
  • 750 millions de filles en vie aujourd’hui ont été mariées de force avant l’âge de 18 ans.
  • 200 millions de femmes en vie ont subi des mutilations génitales dans 30 pays.
  • 45 à 55% des femmes ont été victimes de harcèlement sexuel dès 15 ans dans l’UE.
  • 37 pays dans le monde continuent d’exonérer les violeurs lorsqu’ils épousent leur victime.
  • En France, 226 000 femmes sont victimes de violences conjugales (HCE). Seules 14% ont porté plainte.

Alors quand on s’est dit tout cela, que fait-on ? On regarde la vérité en face et on agit.

On agit dans au moins 4 directions.

D’abord en oeuvrant sur les dispositifs législatifs pour qu’ils responsabilisent et poursuivent sans relâche, dans le respect des procédures, les auteurs. C’est l’une des missions d’ONU Femmes. L’impunité n’a pas sa place dans nos mécanismes sociaux.

En promouvant la culture de l’égalité. Parler de ce sujet, l’aborder de front, valoriser les bonnes pratiques, les idées qui donnent des idées.

En développant des programmes concrets : le fond d’affectation spéciale des NU contre les violences à l’encontre des femmes et aux filles a conduit ces dernières années plus de 460 programmes dans 139 pays pour les droits des femmes et leur autonomisation.

Et puis en mesurant les résultats et l’impact. Les Objectifs de développement durable dont le 5 dans lequel le sujet est traité sont suivis avec des métriques précises.

En définitive, le monde est fait de survivantes qui portent leur douleur et leurs âmes blessées. Mais elles n’ont pas que cette souffrance à dire. Elles n’ont pas que cette injustice à réparer. Elles ont aussi toutes l’intensité de celles pour qui la vie est un privilège parce qu’on a tenté de la leur ôter ou de la salir. A l’image de Nadia Murad, survivante yézidie de la torture de l’état islamique, Prix Nobel de la Paix 2018 et ambassadrice de bonne volonté des NU.

A leurs côtés, nous sommes des résistantes et des résistants. A l’image des sœurs Mirabal, ces sœurs « Mariposas », les Papillons qui, dans la République Dominicaine des années 60, avaient lutté, au prix de leur vie, contre le dictateur Trujillo. C’est pour leur rendre hommage que le 25 novembre, date de leur assassinat, a été choisi. Résister avec elles, femmes joyeuses et libres, persécutées par la volonté d’un bourreau – Minerva, Patria, Maria, – résister avec elles, c’est, j’en suis certaine, construire ce monde plus juste, où l’espace de l’amour et des relations humaines, n’en seront que plus amples et plus inoubliables. »

 

 

 

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