Guerre en Ukraine : la santé mentale des enfants en péril
Depuis deux ans, la guerre en Ukraine a des conséquences terribles sur la santé mentale des enfants. Anxiété, tristesse, et symptômes post-traumatiques : les niveaux sont très élevés, surtout chez les jeunes de 14 à 34 ans dont les trois quarts déclarent avoir besoin d’un soutien émotionnel et psychologique.
Jusqu’à sept mois passés dans les caves et refuges souterrains
Selon une enquête récente, la moitié des jeunes âgés de 13 à 15 ans souffrent de troubles du sommeil, et un sur cinq éprouve des pensées intrusives et des flashbacks, caractéristiques du stress post-traumatique.
Les attaques incessantes ont obligé les enfants à passer entre 3000 et 5000 heures dans des caves ou refuges souterrains, soit l’équivalent de quatre à sept mois. Ils s’en servent de refuge durant les alertes de bombardement aérien.
Depuis que la guerre a éclaté en février 2022, les attaques incessantes ont donné lieu à quelque 3500 alertes de bombardement aérien dans les régions de Zaporijjia et Kharkiv. Dans la région de Donetsk, ce sont près de 6200 alertes qui ont été recensées. Cette situation a eu des effets dévastateurs sur la santé mentale des enfants et a fortement affecté leur capacité à apprendre efficacement.
« Deux années d’enfance brisées »
Les mois d’hiver ont été particulièrement difficiles pour les enfants ukrainiens, contraints de se réfugier dans des caves froides et humides après la privation de chauffage, d’accès à l’eau et d’électricité due à l’intensification du conflit.
Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF, souligne : « La guerre en Ukraine a mis à mal la santé mentale des enfants et leurs capacités d’apprentissage. Ces deux années d’enfance brisée ont été marquées par la violence, l’isolement, la séparation familiale, le deuil, le déplacement et la perturbation des systèmes d’éducation et de santé. Le cauchemar vécu par ces enfants doit cesser. »
Des millions d’enfants privés d’éducation, « source de stabilité »
Dans les régions proches de la ligne de front, la moitié des enfants en âge d’aller à l’école sont privés de tout accès à l’éducation. Les déficits d’apprentissage se sont creusés en 2022, avec un recul équivalent à deux années en lecture et à une année en mathématiques comparativement à 2018.
«Les tirs d’obus qui se succèdent ne laissent presque aucune chance aux enfants en Ukraine de se remettre de la détresse et du traumatisme résultant du conflit. Chaque sirène ou explosion qui retentit ne fait qu’aggraver leur anxiété. Alors que l’éducation est source d’espoir, d’opportunité et de stabilité dans la vie des enfants, ils sont des millions dans le pays à ne plus y avoir accès ou à ne pas bénéficier encore aujourd’hui d’une scolarité normale.»
Trois quarts des 14-34 ans expriment le besoin d’une aide psychologique
D’après les données de l’enquête, trois-quarts des enfants et des jeunes de 14 à 34 ans ont exprimé récemment le besoin d’un soutien émotionnel ou psychologique. Malgré cela, moins d’un tiers d’entre eux ont cherché de l’aide.
Les parents observent des niveaux élevés d’anxiété, de tristesse, une peur exacerbée, l’émergence de phobies, et une baisse de la participation scolaire chez leurs enfants. Mais la moitié des parents interrogés rencontrent des difficultés à apporter un soutien.
En Ukraine, l’UNICEF déploie ses moyens
Face à cette crise, l’UNICEF a étendu ses interventions en Ukraine depuis deux ans, et fournit une aide humanitaire ainsi que du soutien aux enfants et aux familles qui vivent dans plusieurs villes affectées du pays. L’organisation se concentre sur plusieurs des domaines essentiels : la santé, la vaccination, la nutrition, la protection, l’éducation, l’approvisionnement en eau potable, l’assainissement, la protection sociale, la santé mentale et le soutien psychosocial.
« Il est indispensable que les principes humanitaires, le droit international humanitaire et le droit international relatif aux droits humains soient respectés. Les enfants doivent avoir une chance de se relever, et la meilleure manière de la leur offrir est de mettre fin à cette guerre », conclut Catherine Russell.
Dans les pays d’accueil des réfugiés, l’UNICEF s’associe à des gouvernements, des municipalités et des partenaires locaux pour renforcer la capacité des systèmes nationaux à offrir aux enfants réfugiés et marginalisés des services dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la protection.