Précarité en France : les femmes et les enfants en première ligne

En France, les femmes et les enfants sont davantage touchés par la pauvreté que le reste de la population. Plusieurs associations alertent sur la situation des mères célibataires, des salariées peu rémunérées ou encore des retraitées isolées, au moment où la situation des plus précaires s’aggrave en France.

Un million de personnes accueillies par le Secours Catholique 

En 2022, le Secours Catholique a accueilli un million de personnes dans le pays. Parmi elles, les mères isolées représentaient 25,7%. D’autres part, les femmes seules représentent 20,9% ainsi que les couples avec enfants, qui représentent 20 %, selon le récent rapport de l’association.

Adélaïde Bertrand, déléguée générale du Secours Catholique explique que « les mères expriment fortement leur sens du sacrifice, elles nous disent que même si elles ne mangent pas, elles doivent trouver quelque chose pour leurs enfants. »

Près de 110 000 jeunes enfants auprès des Restos du Coeur

L’association les Restos du Coeur constatent les mêmes résultats : les familles monoparentales sont surtout des mères qui élèvent leurs enfants seules et représentent un quart des personnes accueillies en 2022. Ce chiffre est en hausse de 21%.

Les Restos du Coeur ont créé un programme pour accompagner les femmes dont les enfants ont moins de trois ans. Près de 110 000 enfants dans cette tranche d’âge, ont été reçu par l’association l’an dernier : un nombre qui devrait grimper de près de 15% cette année.

Les Restos du Coeur sont contraints de réduire le nombre personnes accueillies depuis plusieurs mois. D’autres associations de lutte contre la pauvreté, alertent sur une forte hausse des demandes d’aide. En cause, un public fragilisé « sur le fil » ou déjà précaire, dans des cas aggravés par l’inflation.

Les femmes « subissent davantage le poids des ruptures conjugales »

De nombreuses femmes s’adressent aux associations après une séparation ou un divorce. Elles « subissent davantage le poids des ruptures conjugales » comme ce fut le cas pour Sylvia, qui s’est « retrouvée sans rien » après s’être séparée de son ex-conjoint.

Agée de 63 ans, Sylvia vit maintenant dans le Loiret. Elle exerce le métier d’aide à domicile à temps partiel :  un travail qui lui rapporte 1000 euros par mois. Pour subvenir à ses besoins, elle a recours à l’aide du Secours catholique.

Car une fois son loyer et ses charges déduites, il lui reste environ 200 euros pour vivre. Elle doit faire « très attention à toutes les dépenses ». Sylvia précise : « J’ai une voiture, mais elle reste au garage, je mange de la viande une fois par semaine, j’en achète quand il y a une promotion et je la congèle ».

Dans 43% des cas de séparation, l’homme garde le domicile 

Un récent rapport de la fondation Abbé Pierre souligne q’une séparation représente un risque de « choc financier » pour les femmes ainsi qu’un « déclassement résidentiel ».

Lors d’une séparation, les femmes perdent 15% de niveau de vie, tandis que les hommes en gagnent 4% en moyenne. Dans 43% des cas, c’est l’homme qui garde le domicile, contre 32% pour les femmes, selon la fondation.

La dégradation est similaire lors du décès de leur compagnon : de nombreuses femmes voient leur niveau de vie chuter. « Les femmes vieillissent plus pauvres et plus seules que les hommes » toujours selon la fondation Abbé Pierre. Près de 12% des veuves sont pauvres, contre 4% des veufs. Beaucoup de personnes ne perçoivent pas de pension de réversion.

Avant les années 2000, la pauvreté touchait hommes et femmes de façon égale

Le Secours catholique souligne que la précarité féminine a régulièrement augmenté ces dernières décennies. Pourtant, la pauvreté touchait hommes et femmes de façon égale jusqu’au début des années 2000. Aujourd’hui, les femmes représentent 57,5% des personnes rencontrées par l’association, contre 52,6% en 1999.

L’association distingue quatre principaux profils : les jeunes femmes éloignées de l’emploi, souvent mères au foyer, les étrangères exclues du marché du travail en raison de leur situation irrégulière, les femmes isolées plus âgées, notamment retraitées, ainsi que les actives.

« Celles qui travaillent sont moins bien payées, plus souvent à temps partiel subi », précise le Secours catholique. Selon l’Insee, en 2021 les femmes gagnaient en moyenne 24% de moins que les hommes dans le secteur privé, tout poste et temps de travail confondus.

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