Séisme en Turquie et en Syrie : l’heure de la solidarité

Une semaine après le puissant séisme qui a fait plus de 33.000 morts en Turquie et en Syrie, le bilan est encore appelé à s’aggraver, selon l’ONU.

D’après les derniers bilans officiels, le tremblement de terre qui a frappé les deux pays le 6 février, de magnitude 7,8, a fait au moins 35.225 morts.  « Il est difficile de donner un bilan précis car nous devons passer sous les décombres, mais je suis sûr qu’il doublera, ou plus… », a déclaré Martin Griffiths, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, en visite samedi à Kahramanmaras.

Plusieurs sauvetages inespérés sont encore réalisés chaque jour, quelques centaines d’heures après la catastrophe. À Kahramanmaras, ville proche de l’épicentre du séisme, des excavateurs creusent et fouillent toujours les ruines.

La Turquie et la Grèce ont calmé leur rivalité historique, avivée par des contentieux territoriaux, économiques et migratoires, au profit de la solidarité. Athènes avait été l’un des premiers pays à annoncer de l’aide à son voisin.

Le puissant séisme a aussi réduit en poussière d’importants lieux de culte. A Antioche, Havva Pamukcu, fidèle musulmane de la mosquée Habib-I Nejjar, n’en revient pas. « Cet endroit signifie beaucoup pour nous », souffle-t-elle. « Il était très précieux pour nous tous, Turcs et musulmans. Les gens avaient l’habitude de venir ici avant d’aller en pèlerinage à la Mecque ».  L’église orthodoxe de la ville a connu le même destin, constate Sertac Paul Bozkurt, membre du conseil. « Malheureusement, notre église a été détruite après le séisme. Tous ses murs se sont écroulés et elle n’est pas en état d’abriter des prières », déplore-t-il.  « Nous avons subi de grosses pertes. Nous avons perdu environ 30-35 personnes de notre communauté religieuse », dit-il. 

La Syrie « abandonnée« 

La situation est particulièrement complexe en Syrie, où Bab-al Hawa, dans le nord-ouest, reste le seul point de passage opérationnel depuis la Turquie vers les zones rebelles, ravagées elles aussi par le séisme.

Des camions, avec à leur bord de quoi confectionner des abris d’urgence à l’aide de bâches en plastique, de couvertures, de matelas, des cordes ou encore des vis et des clous, ont franchi la frontière. Une aide insuffisante, a admis l’ONU. « Jusqu’à présent nous avons fait défaut aux gens du nord-ouest de la Syrie », a reconnu le chef de l’agence humanitaire de l’ONU, Martin Griffiths, sur Twitter. « Ils se sentent à juste titre abandonnés » et il faut « corriger cet échec au plus vite ».

Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a rencontré le président syrien Bachar al-Assad dimanche à Damas, et a annoncé que ce dernier s’était montré prêt à envisager l’ouverture de nouveaux points de passages pour acheminer l’aide aux zones rebelles.  Il aurait indiqué « être ouvert à l’idée d’envisager des points d’accès transfrontaliers pour cette urgence », selon M. Tedros. « Les crises cumulées du conflit, du Covid, du choléra, du déclin économique et maintenant du tremblement de terre ont fait des ravages insupportables », a déclaré M. Tedros, lors d’une téléconférence de presse.

Bachar al-Assad a également remercié dimanche les Émirats arabes unis pour leur « énorme aide humanitaire », alors qu’il recevait à Damas le chef de la diplomatie émiratie, Abdallah ben Zayed Al-Nahyane.

Selon un responsable du ministère syrien des Transports Suleiman Khalil, 62 avions chargés d’aide ont jusqu’à présent atterri dans le pays et d’autres sont attendus dans les heures et jours à venir, en provenance notamment d’Arabie saoudite.

Le mouvement libanais Hezbollah, allié du gouvernement syrien, a de son côté envoyé dimanche un convoi dans l’ouest de la Syrie, avec des « vivres » et des « fournitures médicales ».

La France, elle, a envoyé en urgence des sapeurs-pompiers et des sapeurs sauveteurs pour participer aux recherches des survivants des le 9 février. “Notre soutien va également à la population syrienne. C’est pourquoi nous mettons en place une aide d’urgence à la population syrienne qui s’élève à hauteur de 12 millions d’euros, en lien avec les organisations non gouvernementales œuvrant directement au bénéfice de la population et avec les Nations unies, dans l’ensemble des régions touchées par les séismes.”

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