Finance et climat : en progrès mais insuffisant

Les acteurs français de la finance se réunissent au Palais Brongniart, pour la huitième année consécutive, afin de mettre en place de nouvelles actions en faveur du climat. Selon les experts, les résultats ne sont pas encore assez concluants pour changer les choses.

Une urgence climatique

Le climate Finance Day (CFD) se présente comme un « catalyseur des engagements des acteurs financiers en faveur du climat et en matière de finance durable ».

Mais selon Lorette Philippot, la porte-parole des Amis de la Terre, l’une des ONG qui avait suspendu la précédente réunion à l’aide d’une action militante, « les annonces n’ont jamais été à la hauteur de l’urgence climatique ».

« Nous constatons tous qu’il faut accélérer (…) ça ne va pas assez vite et ça ne va pas assez loin », explique la directrice générale de Finance For Tomorrow et organisatrice de l’évènement, Pauline Becquey.

Même si la finance n’est « ni en avance, ni en retard par rapport à l’économie », deux éléments sont à surveiller, d’après Virginie Wauquiez et Laurent Morel du cabinet conseil Carbone 4.

Le manque de ressources humaines dédiées à la mesure des émissions de carbone causées par les investissements représente le premier facteur. Les moyens humains sont nettement inférieurs aux moyens consacrés à la lutte contre le blanchiment ou le financement du terrorisme, dévoilent-ils.

Selon eux, le deuxième facteur est le nombre important d’actions « net zéro », c’est-à-dire l’indifférence en matière d’émission de CO2 des banques, assureurs et gestionnaires d’actifs, qui « donnent l’illusion qu’on avance » mais sans faire « le job ».

Pierre-Alexandre Moussa, responsable climat et finance durable de TP ICAP, le leader mondial du courtage et de l’intermédiation financière affirme qu’ »il y a un paradoxe insoutenable entre l’urgence et la lenteur de la mise en œuvre du cadre réglementaire »

Ce dernier différencie les acteurs réglementés et la finance de l’ombre (« shadow banking ») qui regroupe les non régulés et qui ne sont quasiment pas contrôlables.

Selon lui, un quart des acteurs sont insensibles à la cause environnementale dans le milieu de la finance traditionnelle.

Anuschka Hilke, membre de l’Institute for climate economics (I4CE) explique que les acteurs financiers soucieux de l’environnement « sont en train de recruter et cherchent des compétences climat ».

« Une économie droguée aux énergies fossiles »

Les ONG approuvent régulièrement les engagements de la finance française à l’égard de l’abandon du charbon. Au contraire, les investissements dans le pétrole et le gaz sont vivement critiqués, notamment ceux de l’entreprise française TotalEnergies.

Les banques contribuant à la transition énergétique de TotalEnergies, qui laisse entendre un développement de leurs activités dans les énergies renouvelables sont aussi fortement jugées.

D’après un grand nombre d’experts, les pouvoirs publics représentent aussi un obstacle, principalement avec les subventions aux énergies fossiles, qui altère le message sur la transition énergétique.

Pierre-Alexandre Moussa sonne « un système schizophrène avec une économie droguée aux énergies fossiles ».

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait pris « des positions assez fortes », particulièrement lors de CFD du début du premier mandat de Macron, elles non étaient que paroles, dévoile tristement Lorette Philippot.

« La réponse va devoir passer par la réglementation », à la bonne volonté des gouvernements et organismes de supervision de la finance, explique Mme Hilke.

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