Les risques d’exploitation sexuelle des ukrainiennes

Elles font pour l’instant l’objet d’alertes, de « suspicions », mais c’est à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, que les femmes et les mineurs fuyant la guerre sont en proie au trafic sexuel humain. Une préoccupation de plus auxquelles doivent faire face, les autorités et l’ensemble des associations œuvrant pour la cause.

Les réfugiées ukrainiennes sont des « proies faciles » pour les réseaux de prostitution, mais aussi, spécificité de cette crise, pour des hébergeurs malintentionnés.

La scène se déroule lorsque les premiers déplacés de la guerre en Ukraine ont afflué en France. Devant le centre d’accueil que vient d’ouvrir l’association France «terre d’asile» dans le nord de Paris, un homme suscite un profond malaise. Deux Ukrainiennes finissent par prévenir des bénévoles : l’inconnu leur propose de « travailler » pour lui.

« Il racolait dans la file d’attente! Depuis, on a une vigilance policière forte », se rappelle Delphine Rouilleault, directrice générale de l’association.

De grotesques magouilles, les plus inappropriés les autres que les autres, font le bon business des trafiquants.

Mais le trafic ne se limite pas uniquement aux frontières Ukrainiennes, les risques sont effectivement accrus aux premières frontières, polonaise ou roumaine par exemple, ainsi ils pèsent sur l’exil jusqu’en France, où à ce stade « aucun cas de traite n’est avéré » affirme Elisabeth Moiron-Braud, secrétaire générale de la Miprof, la mission interministérielle chargée de la lutte contre la traite des êtres humains.

De nombreux exemples sont décrits : des hommes qui veulent prendre en charge des femmes au nom d’une association inconnue, ou encore des réfugiées qui reviennent auprès de certaines associations et ONG « pas rassurées » après une première nuit chez les « hébergeurs solidaires », ces bons samaritains sur lesquels repose l’essentiel de l’offre d’accueil proposée par la France.

Les risques encourus par les Ukrainiennes, qui représentent avec les enfants 90% des réfugiés de ce conflit, sont exposés depuis des semaines par les ONG, associations, centre d’accueils et autorités.

Elles sont susceptibles « d’attirer à la fois les agresseurs individuels et opportunistes se faisant passer pour des bénévoles ainsi que des réseaux criminels spécialisés dans le trafic d’êtres humains », alerte l’office européen de police Europol fin mars.

le collectif CCAP alerte sur le trafic sexuel dont sont victimes les Ukrainiennes via Twitter @capp_radfem_
Les femen de France se mobilise afin de dénoncer les abus sexuelles et la guerre en Ukraine via Twitter @Femen_France

« Une blonde aux yeux bleus »

« En revanche, il y a des suspicions, des alertes de travailleurs sociaux, qui font l’objet de signalements. Donc, on est dans une phase de prévention. Ce sont des risques qu’on connaît, parce qu’on a l’expérience de la crise migratoire de 2015, lorsqu’on a eu un afflux important de mineures nigérianes prises dans des réseaux de prostitution » relève la magistrate Moiron-Braud.

Les Ukrainiennes, sont « des proies faciles » affirme-t-elle,  d’autant que les réseaux de traite issus d’Europe de l’Est sont déjà très actifs.

Mais ce qui inquiète particulièrement les autorités françaises, détaille Elisabeth Moiron-Braud, ce sont les « risques de traite qui seraient le fait de particuliers qui hébergent et vont profiter de la vulnérabilité de ces femmes, c’est le grand danger de cette crise ».

Certaines offres d’hébergements alertent de nombreuses associations. « Ils disent qu’ils veulent juste une jeune Ukrainienne, pas d’enfant. D’autres spécifient carrément une blonde aux yeux bleus », s’indigne anonymement l’employée de l’une d’entre elles chargée d’éplucher des milliers d’offres.

Les demandes dans les agences de rencontres avec des Ukrainiennes flambent, de nombreux hommes souhaitent rencontrer des Ukrainiennes et sollicitent des agences spécialisées dans les rencontres avec des femmes de l’Est.

Nombreuses d’entre elles sont submergées d’appels et doivent faire le tri entre les sincères prétendants et ceux qui veulent profiter des circonstances.

Ces français qui se ruent vers les agences matrimoniales afin de rencontrer des Ukrainniennes via Twitter @BFMTV

Des contrôles renforcés en Hexagone

La France, terre d’accueil depuis le début de la guerre, a initié un « travail de contrôle », exigeant un extrait de casier judiciaire, rendant des visites dans les hébergements en s’assurant du « suivi social ».

La traite n’est pas que sexuelle, les réfugiés peuvent se faire également exploité humainement par des travaux forcés « On explique bien que ce n’est pas hébergement contre services. Car la traite n’est pas que sexuelle, ça peut aussi être des femmes qui doivent faire le ménage et garder les enfants toute la journée », souligne Delphine Rouilleault.

Les réfugiées ne doivent « jamais donner leurs documents d’identité » et « faire attention aux offres trop belles pour êtres vraies », déclare Céline Schmitt, la porte-parole en France du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés.

La porte-parole a aussi appelé à « renforcer » les mécanismes de contrôle afin de « passer au crible » toutes les bonnes intentions.

Afin de venir en aide aux femmes souvent épuisées, la diaspora s’organise aussi : « On les accompagne pour voir l’appartement, parler à ceux qui accueillent… on essaye de limiter les risques », raconte Nadia Myhal, présidente de l’association des femmes ukrainiennes de France. « On privilégie les familles ou les femmes. Si c’est juste un homme, on laisse tomber. »

Mais, tous ces efforts sont considérés comme étant « homéopathiques », reconnaît Delphine Rouilleault, tant il est délicat de déceler les situations problématiques derrière des portes closes.

Article à lire : https://www.thewomensvoices.fr/politique/jill-biden-premiere-dame-des-etats-unis-a-la-rencontre-des-refugies-ukrainiens/

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